Un voyage haut en couleur - Partie 2 : Un monde en achromatopsie

Les nuances infinis du blanc et noir

Ce trouble de ma vision suite au flash auquel j’ai dû faire face, s’estompe petit à petit. Quel est ce décor ? je ne comprends rien ?

Autour de moi, la forêt si dense, avait totalement disparu. Je prends le temps de faire un tour complet pour avoir une vision complète de ce nouveau décor et me rend compte que j’ai bel est bien été transporté ailleurs.

En face de moi une sorte de marécage avec une flore bien plus épars, je peux distinguer plus facilement les alentours et me ainsi me faire une idée plus précise de ce lieu mystérieux.  Certes la vue de ce nouveau décor est perturbante, mais le véritable élément intriguant est que tout autour de moi, absolument tout, est en noir et blanc. Plus exactement dans un dégradé de noir et blanc en passant par le gris. Le problème ? je suis le seul et unique élément de ce monde en couleur.

C’est la première fois que je vois ces trois couleurs sous autant de teinte, c’est une curiosité tout aussi surprenante que troublante. Tant de chose à voir, tant d’information à digérer, que je ne sais plus où donner de la tête. Et ma surprise ne va pas s’arrêter là.

Je prends le temps d’une respiration afin de me ressaisir. Ce moment je l’attendais, maintenant à moi d’en tirer profit au maximum. Après quelques minutes de concentration afin de me calmer, je me baisse et remarque que la sphère qui m’as transporté dans ce monde est au sol. Celle-ci as perdu son ton grisâtre pour une teinte d’une noirceur impénétrable. Avant de la récupérer, et de peur de l’activer de nouveau, je fouille dans mon sac et récupère un torchon, et tente de l’envelopper afin de ne pas entrer en contact avec l’objet. A ma stupeur, cela fonctionne, je prends soin de couvrir chaque partie de la sphère afin de la mettre en sécurité dans mon sac.
Une fois rangé je reprends le cours de mon exploration.

Peut importe ou mon regard se pose, un nombre incalculable d’informations à la fois étrange et spectaculaire se dessine face à moi.
Tout d’abord ce mystérieux marécage d’un gris immaculé, il n’est certes pas immense, mais regorge d’élément que je me dois de décrire et de noter. Je sors alors mon carnet, un crayon et retranscrit sur une seule petite page le cliché s’offrant à moi.

Tout autour du marécage, de longues tiges, surement des fleurs sont présentes, elles sont remarquables par leur blancheur pastel, avec au sommet de chacune d’elles un élément presque cubique tout noir. Ces plantes, si je peux les catégoriser de la sorte, malgré leur hauteur, mesurant environ 2 mètres. Celles-ci étant plus grandes que moi, qui ne m’en sort pas si mal avec mes 1m85, ne gâche en rien la vue du marécage par leur espacement laissant le décor visible. Au pieds de ces tiges, à même le sol, je remarque cependant comme des petites lianes, ou racine, j’ai du mal a distingué, qui vont relier chacune des plantes. Etant dans le même ton de gris que celui du marécage, elles se fondent quasiment avec lui, mais mes yeux avertis eux ne font pas dupé par ce phénomène.

Au centre du marécage, une forme se dessine, de loin on dirait une sorte d’animal, doté d’un long museau blanc avec des taches grises aléatoires, des oreilles un peu carrées noires, un long buste dans un dégradé du blanc au gris léger (blanc en haut du buste et gris à la fin du buste).  Il possède également une longue queue en oscillation mais fine, queue dans le même ton coloré que le museau. Ses yeux quant à eux sont petits, très rond et tout noir, et ce qui semble être des pattes, se compte au nombre de huit, sont très courte avec pour chacune six doigts. Si je devais décrire leurs couleurs, les pattes sont dans le même ton que le buste un dégradé du gris au noir (gris en haut des pattes et noir vers les doigts. Les extrémités eux sont noires tout comme la queue.

Dans le ciel entourant le marécage, j’entends des petits bruits, au son je dirai des petits « tip, tip » très aigue. Je lève alors la tête et quel ne fut pas ma surprise. Au-dessus de moi une quantité démesurée de petites bulles flottantes semble se déplacées, toutes dans la même direction, Ce que je désigne de petites bulles, en étant plus attentif semble être une autre espèce animale. Celles-ci sont grises avec en leur centre une petite sphère blanche qui fait des mouvements de contractions tout comme un cœur. En les admirant on peut facilement distinguer les adultes des enfants par leur tailles variables. Un détail qui m’a impressionné, est leur coordination vocale, malgré leur surnombre, au son on croirait entendre une seule et unique voix. Tous suivre le même tempo, ce qui est à mon avis la raison pour laquelle on entend leur cri. Je pense, au vu de leur anatomie et de la distance qui nous sépare que si une seule de ces « bulles » était présente, je ne l’aurai jamais entendu.

Après un croquis de ce marécage et une première observation de celui-ci je décide de marcher un peu et de découvrir encore plus sur ce lieu si énigmatique. Je m’éloigne alors du marécage, et part dans la direction opposée. Je scrute chaque centimètre afin de ne rater aucun détail, tout à son importance en ces lieux. Sur ma route je tombe sur un arbre, enfin un tronc d’arbre pour être plus précis. Ce tronc est couché au sol mais semble bougé. Je m’arrête alors pour l’observer, et en effet ce n’est pas un tronc mais une espèce bien vivante. Ce tronc se distingue également par sa couleur, celui-ci est noir, un noir intense, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Il a également son propre mode de déplacement, qui est pour le coup très original. Tout le long de son corps, il possède des mandibules ressemblant à des racines, toutes fines et partant dans tous les sens. Il lance ses mandibules au loin, celle-ci vont s’accrocher au sol et une fois fixées il se tire comme si on tirait un objet avec une corde, et roule sur lui-même jusqu’à être arrêter et recommence ainsi de suite.

Contrairement aux autres espèces, je ne saurai dire s’il s’agit d’un animal, d’une plante, ou encore d’une espèce hybride. Cela ne m’empêche cependant en rien de laisser une trace sur mon carnet, qui commence petit à petit à se remplir de nombreux dessins. A croire que chaque coup d’œil que je peux porter sur ce monde se révèle unique et comparable à un tableau. Je commence à revoir ma propre pensée sur les couleurs, moi qui pensais que les couleurs faisaient tout, il n’en est rien. La beauté des choses réside dans leur profonde nature même, il existe non pas un noir mais toute une palette ou chaque teinte apportera son charme et cela est valable pour chaque couleur.

Après cette courte réflexion, je reprends la route et face à moi semble se dessiner un sentier, le sol est dégagé, le terrain plat, et tout au long de ce sentier une nouvelle espèce de plante fait office de barrière naturelle. Celle si a une forme plutôt étrange, pas plus grande qu’une plante que j’ai l’habitude de voir mais, ce qui me fascine est la courbure de la tige, elle fait comme des zigzags mais toutes dans le même sens comme si ces plantes avaient été forcé de pousser de la sorte. Pour la couleur je commence à m’y habituer, elles sont toutes blanches, avec des feuilles imprégnées d’un gris clair. Je fais un petit croquis en accentuant sur leurs courbures si particulières.

Je m’enfonce sur le sentier, en veillant à rester le maximum discret quand tout d’un coup je vois au loin une lumière blanche intense. Je me précipite pour me cacher, car maintenant j’en ai la certitude, il y’a bien des habitants dans cette régions. J’approche le plus délicatement du village, le but n’est pas de les effrayer mais de les observer. Qui sait sur ce que je vais tomber ? un peuple calme ou agressif ? je me dois de prendre le minimum de risque, mais il est de mon devoir de pouvoir retranscrire leur mode de vie.

J’arrive en haut d’une butée, je me cache derrière des feuillages, afin de les observer, carnet en main prêt a tout noter. Il s’agit bien d’un village, on y trouve des maisons, un peuple civilisé, énormément d’information qui me font palpiter le cœur.
Les maisons ici sont sphériques, ou plutôt ovale, mais je peux au premier coup d’œil qu’il n’y pas de similitude parfaite entre chaque maison, toutes sont ovales, mais avec un degré de sphéricité différentes, ce qui donne beaucoup de charme à ce lieu. De même, chaque maison est agrémentée d’une couleur qui lui est propre, enfin couleur, dans le spectre de couleur propre à ce monde.

Pour les habitants, ce ne sont bien évidemment pas des êtres humains comme j’en ai l’habitude d’en croisé, mais au vu de leur fonctionnement, il s’agit bel et bien d’une espèce civilisée.

Si je devais décrire le physique global de ces êtes je dirais que ce sont des individus tous très minces et élancés, avec contrairement à nous non pas deux bras mais trois, probablement que cela à une utilisé particulière pour eux. Ils se tiennent tout comme nous sur deux membres mais contrairement à leur posture très allongée, ces jambes son très courtes et plutôt épaisses, mais surtout très musclées. Ce qui m’amène à penser que ce peuple est un peuple très porté sur la marche.  Pour leur couleur, tout comme tout ce qui compose ce monde ils sont caractérisés par leur mélange de teinte de noir et blanc. Un corps plus ou moins gris, ce qui correspondrait à notre « bronzage », des yeux blanc scintillant, avec les extrémités de leur « mains » noires, ce qui est à mon sens comparable à nos ongles. D’ailleurs même s’ils possèdent 3 membres, ils n’ont que 3 doigts à chaque membre et concernant leurs pieds ils ont comme une sorte de sabot, également d’un noir intense.

Cette espèce semble dans leur comportement s’approcher de celle des êtres humains, ils ont des habitations, semble communiquer par un langage que je peine a distingué au vu de ma distance. Ils ont également des habits et chacun semble avoir son rôle au sein de groupe. Il y’a les fournisseurs de nourriture avec sur leur étalage des carcasses d’animaux issue de leur faune, des fermiers qui s’occupe de la culture des plantes ainsi que d’un enclos rempli d’animaux.

Je vois également une sorte de structure qui s’apparente à une école, un adulte qui s’occupe de plusieurs enfants. Cela me fait rappeler ma jeunesse ou l’amusement était ma seule priorité, cette scène ne manque pas de me faire esquisser un sourire venant du cœur. Scène que je ne manque pas de retranscrire sur mon carnet avec l’émotion immense qu’elle me procure.

J’ai oublié de parler d’un détail, avec tout ce qui se passe autour de moi j’en ai presque oublié de le notifier. Le ciel est également propre aux caractéristiques de ce monde, il est tout gris, et au loin une tache lumineuse éclaire d’un blanc pur tout l’horizon. Je pense qu’il s’agit la de leur source de lumière, l’équivalent de notre cher soleil. D’ailleurs, il ne dégage pas spécialement de chaleur, qu’on soit face a lui ou à l’ombre, le ressenti est le même.

Après plus d’une heure à observer ce monde, je m’en rends compte à quel point il m’est impossible de détailler chaque partie de ce monde, il est bien trop vaste, et je risque de me mettre en danger à vouloir m’aventurer plus profondément en ces lieux.
Deux choix s’offre à moi, continuer en sachant les risques ou rentrer dans l’espoir de pouvoir peut être y revenir un autre jour. Je prends le temps de me poser et de réviser les notes que j’ai pu prendre, je ne pensais pas avoir autant cartographié la zone avant autant de détails. Tous ces croquis reflètent en grande partie mon ressenti de ce monde. Je ne peux pas me permettre de prendre le risque de rester bloqué en ce monde, en sachant que je ne suis pas sûr de si je vais pouvoir m’en sortir. Mais je me dois de rentrer et de partager tous ces croquis au monde entier.

Je suis sûr de moi, je dois rentrer, avec amertume certes mais surtout avec de réelles preuves que ce monde existe. Ni une ni deux, je pose mon sac, ouvre la poche dans laquelle j’ai rangé la sphère si soigneusement. Je la prends en main, lâche un dernier soupir. Et si je ne pouvais pas revenir en ces lieux ? J’ai tant encore a observé. Pas une seconde à hésiter, plus je vais y réfléchir moins j’aurai la force et courage de faire ce choix. J’enlève le chiffon qui couvre la sphère, ferme les yeux et prend la sphère de pleine main.

Celle-ci s’active de nouveau, le froid gelant sur laquelle elle m’avait laissé se transforme en chaleur, une chaleur douce et réconfortante. S’en suis le tremblement de terre comme la première fois. Ça y’est c’est le moment du retour. Après quelques secondes de secousse, la sphère perd de sa chaleur, j’ouvre alors les yeux. Me voila de retour dans la forêt si colorée, toutes ces couleurs pourtant normales me paraissent tout d’un coup venu d’ailleurs.

Après quelques secondes afin que mes yeux s’adaptent de nouveau à cette palette de couleur plus intense. A peine revenu, je cherche la sphère, celle reliant nos deux mondes, mais à mon plus grand regret celle-ci s’est brisée. Je ressens alors un énorme pincement au cœur, un gout de « d’insuffisance », un certain regret de ne pas avoir pu en profiter davantage. Mais je pense que c’était le meilleur choix à faire malgré tout. Et puis tout n’est pas finis, j’ouvre mon sac avec hâte, j’espère que je ne l’ai pas perdue en chemin. Au fond de mon sac j’extrait une petite plante que j’avais récupéré en ce monde, mais quelque chose d’inattendu s’est produit. Cette plante qui pourtant portait en elle, les couleurs de ce monde, une fois sortie du sac, celle-ci s’est par magie enveloppée de couleur, laissant derrière moi le seul souvenir de sa palette si légère de couleur. Après mure réflexion je me rend compte que les couleurs sont le simple reflet de notre propre interprétation et que peu importe si celle-ci est débordante de couleur ou un simple monochrome, l’essence même de l’objet reste la même.

Je laisse donc derrière moi cette plante, en prenant le temps de la replanter dans le sol et me redirige chez moi. Cette aventure à été forte en émotion, et peut importe si les gens croiront ou non à mes péripéties, mes yeux eux ont été témoins de ce monde si différent du nôtre. J’ai hâte d’exposé mes croquis, et de partager avec autant d’émotions ce que j’ai vécu. Et qui sait peut-être qu’il existe d’autres monde tout aussi différent que le nôtre quelque part, qui n’attend que d’être découvert.  Qui sait je repartirais éventuellement à la recherche d’un de ces mondes, ou peut être que mes récits vont encourager des curieux à reprendre le flambeau. Seul le temps saura apporter une réponse, en attendant je vais pouvoir profiter d’un repos bien mérité.


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Un voyage haut en couleur: Partie 1- La forêt luxuriante
Une admiration colorée de la flore